vendredi 17 mai 2013

Mode d'emploi, un festival des idées


En 2012, pour ses 25 ans, la Villa Gillet a crée un nouveau rendez-vous Mode d’emploi,  un festival des idées qui devient annuel, qui s’est déroulé à Lyon, Saint-Etienne et Grenoble du 20 novembre au 2 décembre 2012.
A travers différents formats (entretiens, tables rondes, ateliers de réflexion, spectacles, projections...), le festival aborde des questions politiques, sociales ou philosophiques, mettant en dialogue à la fois des écrivains et des chercheurs de sciences sociales et de philosophie, des artistes, mais aussi des acteurs de la vie publique.
Motivée par la volonté d’associer les lycéens à ces rencontres,  la Villa Gillet a établi un partenariat avec les médiathèques et  le Rectorat, permettant  ainsi à des élèves de participer à un projet qui s’inscrit dans les programmes pédagogiques.
Ce projet offre, en outre, la possibilité aux professeurs de fédérer une classe autour d’un échange et d’une rencontre avec un grand penseur et chercheur d’aujourd’hui.
Parmi les thèmes de réflexion proposés nous avons choisi « Changements climatiques ».
C’était l’occasion pour Mongré, qui s’est vu décerné le label  « Lycée éco responsable » en 2009, d’engager ses lycéens   dans un nouveau  projet pédagogique d’éducation au développement durable.
Les élèves de 2. 3  ont préparé cet évènement en lisant des extraits de « How to cook a continent  » du Nigérien Nnimmo Bessey, Prix Nobel alternatif  et « Les guerres du climat » de l’Allemand Harald Welzer.

Les étapes du projet

Lecture des essais (extraits), rédaction d’un article de type « éditorial » à partir du thème choisi, publication de cet article sur www.villavoice.fr, le blog conçu en partenariat avec Rue89Lyon, un secrétariat de rédaction étant assuré par les étudiants en journalisme de l’IEP de Lyon,  rencontre à la Médiathèque de Villefranche de Nnimmo Bassey, participation à l’Hotel de Région à Lyon  à une table ronde traitant du thème étudié en classe.


Les auteurs
Harald Welzer

Nnimmo Bassey

L’éditorial des élèves 
Les guerres, le climat : la faute à la gouvernance ?
Le fait est là  et chacun en est semble-t-il conscient : notre planète se réchauffe. Le climat change partout dans le monde, comme en atteste la multiplication de phénomènes météorologiques jusque-là  exceptionnels.
Devons-nous pour autant nous livrer à une  guerre  climatique pour accéder à des ressources élémentaires ? 
Pire encore, être complices d’un nouveau « génocide »,  terme employé par Harald Welzer dans son Essai « Les guerres du climat. Pourquoi  on tue au XXIème siècle » à propos du Darfour, dans le Soudan occidental,  suite à la sécheresse catastrophique de 1984 qui a  totalement déstructuré le pays ?
Les ressources  pourtant  existent,  mais leur répartition est bien loin d’être équitable ! 
Comme le disait déjà Robert Malthus au 18ème siècle, la population augmente plus vite que la production des ressources. Vision pessimiste, n’est-ce-pas ?  Certes, mais l’histoire a  autrefois démontré, lors de la révolution industrielle par exemple, qu’il y a une solution : l’innovation, les progrès techniques. Le principe est simple : plus la technologie  s’améliore, plus les rendements  et ainsi  la production de ressources  augmentent.
Alors, la faute à l’absence de gouvernance mondiale ?
Mais comment  faire ?
L’histoire est encore à écrire et l’avenir à découvrir ! Le temps presse ! Espérons seulement qu’i l jouera en notre faveur, car du temps,  il nous en faudra pour relever le défi.
Rencontre avec un homme d'exception : Nnimmo Bassey
Il est impressionnant de rencontrer quelqu’un d’aussi important que Nnimmo Bassey, d’une  part, à cause de sa taille imposante, mais surtout parce qu’on ne rencontre pas souvent un homme ayant reçu le prix Nobel alternatif (en 2010) !
Un homme qui s’est dressé contre les multinationales, comme Shell contre laquelle il a remporté un procès, aussi en 2010, et dans son propre pays, contre les dirigeants corrompus, où il est si  difficile d’exprimer son opinion ! En effet, au Nigeria, ce sont plus les exploitants européens qui sont au pouvoir que les Nigériens eux-mêmes. C’est une des choses que Nnimmo Bassey dénonce dans ses livres.
A la médiathèque de Villefranche, c’est une étudiante qui menait la conférence. Nnimmo Bassey,  assisté par une traductrice, a sympathiquement répondu à toutes nos questions.  
Lisez plutôt le compte-rendu de cet entretien très riche :
Il est né au Nigéria. Il est activiste, écrivain et poète et ces trois fonctions sont liées pour lui, car il agit à la fois  à travers ses livres et ses actions humanitaires. A ses yeux, l’environnement est une question politique et il dénonce le fait que les politiciens ne la prennent pas assez au sérieux.
 Mais M. Bassey souligne bien le fait que « l’Afrique n’est pas dans une situation désespérée ». Cet homme parle en connaissance de cause. Ce n’est pas un théoricien, il a vécu certaines des atrocités décrites dans son livre To cook a continent et il a déjà fait de la prison pour ses propos jugés trop véhéments.
On pourrait, pour cette raison,  le comparer à Gandhi, mais aussi parce qu’il nous a dit que la violence ne faisait en rien avancer les choses !
Il pense également que les conférences sur l’environnement comme celle qui a eu lieu à Copenhague en 2009 sont inutiles car elles n’apportent aucune solution (c’est d’ailleurs une idée qui est revenue le lendemain quand nous l’avons écouté  au festival Mode d’Emploi à l’hôtel de la Région à Lyon).
L’écrivain nous a aussi appris que nous, les occidentaux, pouvons agir en faisant comprendre aux multinationales  comme Shell que nous ne sommes pas d’accord avec leurs procédés honteux car « parler amène le progrès ».
Quant à sa plus grande victoire, elle est morale. Constater que des gens qui n’osaient pas s’exprimer peuvent à présent vaincre leur peur et s’opposer, engendre une joie supérieure à celle ressentie lors du procès gagné contre Shell au tribunal de La Haye en 2010.
Peu avant la fin de la conférence, il nous confia que les problèmes de droits humains sont liés à des changements climatiques et que nous ne surpassons en rien la nature. Au contraire, nous lui devons le respect, et il ne faut pas oublier que la planète a des droits. C’est sur cette note juste et poétique que Nnimmo Bassey mit fin à la conférence.
Mais avant de partir et, à la demande de notre professeur d’anglais Mme Chapuis, il nous a lu en rythme un de ses poèmes, en nous demandant d’en chanter le refrain.
En voici quelques extraits :
The heavens are open
Above our heads
Toasted dreams in
In a scrambled sky
A million black holes
In a burnt out sky
Their pipes may burst
But our dreams won’t burst
We thought it was oil
But it was blood
They may kill all
But the blood will speak
They may gain all
But the soil will RISE
…………………
We are the living
Long sacrificed
We thought it was oil
But it was blood
A méditer donc…
Samuel Voldoire (seconde 3). Cette rencontre s’est effectuée dans le cadre des cours d’ECJS (M.L.Dumas) et d’anglais (S. Chapuis) en collaboration avec le CDI.

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