dimanche 19 septembre 2010

Coup de cœur de la documentaliste en cette rentrée littéraire


Requiem pour Lola rouge de Pierre Ducrozet, Grasset, 174 p., 16 €.
Lu et élu par le jury de la Fnac et du Prix de Flore
Ecoutez l'auteur sur France Culture....
Lisez la critique parue dans Le Figaro le 02 septembre 2010 :
"Ce livre est une sorte de poème épique, un récit mystique et comique, tout en clameurs et illuminations. C'est l'histoire d'un jeune homme qui se prend pour Rimbaud. Comme lui, il voudrait «voir quelquefois ce que l'homme a cru voir» mais n'y arrive pas. Fatigué d'avoir trop rêvé, il cultive un cynisme bien tempéré, parle à son miroir qui se moque de lui. Il attend son heure et la croit arrivée lorsqu'il rencontre Lola, dans des circonstances hautement surréelles. Aurait-il enfin trouvé l'elfe sensuel qui lui ouvrira la porte menant à l'intérieur du monde, au centre des choses? «Jamais je n'avais ne serait-ce qu'entrevu quelqu'un qui défroissait l'infini avec tant d'élégance.» Lola est une fille clignotante, comme la Nadja d'André Breton. Elle apparaît et s'éclipse, l'enroule autour de lui la nuit, et le jour l'entraîne, en un claquement de doigts, de Lisbonne à Ispahan, Manille, Kyoto. Mais telle la Passante de Baudelaire, elle fascine et s'en va. Resté seul, le narrateur embarque sur un bateau ivre, nage dans des paysages qui ressemblent à des tableaux de Magritte ou de Dalí. Il joue au gangster de série B, se croit poursuivi par les agents d'un Grand Horloger. Il joue au bouffon, mais c'est toujours le désir d'entrer dans la texture des choses, de voir le monde s'éclairer de l'intérieur, de se sentir en concordance avec les oiseaux et les nuages qui le mène. L'auteur, Pierre Ducrozet, 28 ans, a l'ardeur de son jeune âge; il n'en a pas les naïvetés. Son style sonne. Ses phrases s'élancent, rebondissent, batifolent, s'arrêtent net, ouvrent un espace au silence. Sous sa plume, les choses se dénouent, se déplient. Les couleurs claironnent : les voix sont bleues, les lumières orange. Sa causticité l'empêche de sombrer dans un onirisme oiseux. Tantôt il lâche la bride à son personnage, tantôt la resserre : le texte galope et se cabre. Pierrot le fou est de retour."
Et courez chez votre libraire !
Bonne rentrée à tous !