En 2012, pour ses 25
ans, la Villa Gillet a crée un nouveau rendez-vous Mode d’emploi, un festival des idées
qui devient annuel, qui s’est déroulé à Lyon, Saint-Etienne et Grenoble du 20
novembre au 2 décembre 2012.
A travers différents
formats (entretiens, tables rondes, ateliers de réflexion, spectacles,
projections...), le festival aborde des questions politiques, sociales ou
philosophiques, mettant en dialogue à la fois des écrivains et des chercheurs
de sciences sociales et de philosophie, des artistes, mais aussi des acteurs de
la vie publique.
Motivée par la
volonté d’associer les lycéens à ces rencontres, la Villa Gillet a établi un partenariat avec
les médiathèques et le Rectorat, permettant ainsi à des élèves de participer à un projet
qui s’inscrit dans les programmes pédagogiques.
Ce projet offre, en
outre, la possibilité aux professeurs de fédérer une classe autour d’un échange
et d’une rencontre avec un grand penseur et chercheur d’aujourd’hui.
Parmi les thèmes de réflexion proposés nous avons choisi « Changements
climatiques ».
C’était l’occasion pour Mongré, qui s’est vu
décerné le label « Lycée éco
responsable » en 2009, d’engager ses lycéens dans
un nouveau projet pédagogique
d’éducation au développement durable.
Les élèves de 2. 3
ont préparé cet évènement en lisant des extraits de « How to cook a continent
» du Nigérien Nnimmo Bessey,
Prix Nobel alternatif et « Les
guerres du climat » de l’Allemand Harald Welzer.
Les étapes du projet
Lecture des essais (extraits), rédaction d’un article de type « éditorial » à partir du thème choisi, publication de cet article sur www.villavoice.fr, le blog conçu en partenariat avec Rue89Lyon, un secrétariat de rédaction étant assuré par les étudiants en journalisme de l’IEP de Lyon, rencontre à la Médiathèque de Villefranche de Nnimmo Bassey, participation à l’Hotel de Région à Lyon à une table ronde traitant du thème étudié en classe.
Les
auteurs
L’éditorial
des élèves
Les
guerres, le climat : la faute à la gouvernance ?
Le
fait est là et chacun en est semble-t-il conscient : notre planète
se réchauffe. Le climat change partout dans le monde, comme en atteste la
multiplication de phénomènes météorologiques jusque-là exceptionnels.
Devons-nous
pour autant nous livrer à une
guerre climatique pour accéder à
des ressources élémentaires ?
Pire
encore, être complices d’un nouveau « génocide », terme employé par Harald Welzer dans son
Essai « Les guerres du climat.
Pourquoi on tue au XXIème siècle » à propos du Darfour, dans le Soudan
occidental, suite à la sécheresse
catastrophique de 1984 qui a totalement
déstructuré le pays ?
Les
ressources pourtant existent, mais leur répartition est bien
loin d’être équitable !
Comme
le disait déjà Robert Malthus au 18ème siècle, la population
augmente plus vite que la production des ressources. Vision pessimiste,
n’est-ce-pas ? Certes, mais
l’histoire a autrefois démontré, lors de
la révolution industrielle par exemple, qu’il y a une solution :
l’innovation, les progrès techniques. Le principe est simple : plus la
technologie s’améliore, plus les
rendements et ainsi la production de ressources augmentent.
Alors,
la faute à l’absence de gouvernance mondiale ?
Mais
comment faire ?
L’histoire
est encore à écrire et l’avenir à découvrir ! Le temps presse !
Espérons seulement qu’i l jouera en notre faveur, car du temps, il nous en faudra pour relever le défi.
Rencontre avec un homme d'exception : Nnimmo Bassey
Il est impressionnant de rencontrer quelqu’un d’aussi important que Nnimmo
Bassey, d’une part, à cause de sa taille
imposante, mais surtout parce qu’on ne rencontre pas souvent un homme ayant
reçu le prix Nobel alternatif (en 2010) !
Un homme qui s’est dressé contre les multinationales, comme Shell contre
laquelle il a remporté un procès, aussi en 2010, et dans son propre pays, contre
les dirigeants corrompus, où il est si difficile d’exprimer son opinion ! En effet, au
Nigeria, ce sont plus les exploitants européens qui sont au pouvoir que les
Nigériens eux-mêmes. C’est une des choses que Nnimmo Bassey dénonce dans ses
livres.
A la médiathèque de Villefranche, c’est une étudiante qui menait la
conférence. Nnimmo Bassey, assisté par
une traductrice, a sympathiquement répondu à toutes nos questions.
Lisez plutôt le compte-rendu de cet entretien très riche :
Il est né au Nigéria. Il est activiste, écrivain et poète et ces trois
fonctions sont liées pour lui, car il agit à la fois à travers ses livres et ses actions
humanitaires. A ses yeux, l’environnement est une
question politique et il dénonce le fait que les politiciens ne la prennent pas
assez au sérieux.
Mais M. Bassey souligne bien le fait
que « l’Afrique n’est pas dans une situation désespérée ». Cet homme parle en
connaissance de cause. Ce n’est pas un théoricien, il a vécu certaines des
atrocités décrites dans son livre To
cook a continent et il a déjà fait de la prison pour ses propos
jugés trop véhéments.
On pourrait, pour cette raison, le
comparer à Gandhi, mais aussi parce qu’il nous a dit que la violence ne faisait
en rien avancer les choses !
Il pense également que les conférences sur l’environnement comme celle qui
a eu lieu à Copenhague en 2009 sont inutiles car elles n’apportent aucune
solution (c’est d’ailleurs une idée qui est revenue le lendemain quand nous
l’avons écouté au festival Mode d’Emploi à l’hôtel de la
Région à Lyon).
L’écrivain nous a aussi appris que nous, les occidentaux, pouvons agir en
faisant comprendre aux multinationales comme Shell que nous ne sommes pas d’accord
avec leurs procédés honteux car « parler amène le progrès ».
Quant à sa plus grande victoire, elle est morale. Constater que des gens
qui n’osaient pas s’exprimer peuvent à présent vaincre leur peur et s’opposer,
engendre une joie supérieure à celle ressentie lors du procès gagné contre
Shell au tribunal de La Haye en 2010.
Peu avant la fin de la conférence, il nous confia que les problèmes de
droits humains sont liés à des changements climatiques et que nous ne
surpassons en rien la nature. Au contraire, nous lui devons le respect, et il
ne faut pas oublier que la planète a des droits. C’est sur cette note juste et
poétique que Nnimmo Bassey mit fin à la conférence.
Mais avant de partir et, à la demande de notre professeur d’anglais Mme
Chapuis, il nous a lu en rythme un de ses poèmes, en nous demandant d’en
chanter le refrain.
En voici
quelques extraits :
The heavens are
open
Above our heads
Toasted dreams
in
In a scrambled
sky
A million black
holes
In a burnt out
sky
Their pipes may
burst
But our dreams
won’t burst
We thought it
was oil
But it was blood
They may kill
all
But the blood
will speak
They may gain
all
But the soil
will RISE
…………………
We are the
living
Long sacrificed
We thought it
was oil
But it was blood
A méditer donc…
Samuel
Voldoire (seconde 3). Cette rencontre s’est effectuée dans le cadre des cours
d’ECJS (M.L.Dumas) et d’anglais (S. Chapuis) en collaboration avec le CDI.
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